CHINE: LA LOI SUR L’ALLÈGEMENT FISCAL DES INVESTISSEMENTS ÉTRANGERS ADOPTÉE
Son Excellence Baudelaire Ndong Ella, © 2019 Gaël OSSOUGHOU MBADOUMA
La 13ème Assemblée populaire nationale chinoise (APN), qui s’est achevée ce vendredi à Beijing, a adopté, entre autres mesures, la loi très attendue sur l’allègement fiscal des investissements étrangers en terre chinoise. Seulement, si le Premier ministre chinois Li Keqiang, qui a dévoilé à la presse la politique générale de son pays pour 2019, a évoqué les relations futures entre la Chine et les États-Unis, la Chine et l’Europe et même la Chine et les autres Etats asiatique, il n’a mentionné en aucun moment la coopération future avec l’Afrique en 2 heures 30 minutes, temps qu’aura mis l’entretien avec les médias. Si bien que les journalistes africains présents à l’événement ont eu comme un goût d’inachevé.
Les députés chinois, dans leur grande majorité, ont voté en faveur de cette fameuse loi sur l’abaissement du taux d’imposition qui visait uniquement les expatriés. Désormais les hommes d’affaires étrangers bénéficieront des mêmes facilités que les nationaux. Les parlementaires ont également été favorables à l’adoption d’une « provisions unifiées » afin que les entreprises étrangères puissent bénéficier aussi de promotion, de protection et de gestion équitable au même titre que les PME chinoises. « Cette loi vise à la fois à améliorer la transparence des politiques commerciales vis-à-vis des investissements étrangers, et à s’assurer que les entreprises nationales et étrangères sont soumises à une même série de règles harmonisées et que la concurrence entre elles est loyale », a indiqué le Premier ministre chinois.
Ces provisions unifiées sont en fait des mesures harmonisées qui vont encadrer la création ou la mise en place d’une entreprise en République Populaire de Chine. La procédure administrative y relative sera assouplie et unique pour les deux types d’entrepreneurs. Cette nouvelle loi s’avère donc fondamentale pour les investisseurs étrangers. Les entreprises à capitaux étrangers bénéficieront également des politiques gouvernementales de soutient au développement des entreprises, et pourront participer à la formulation des normes sur un même pied d’égalité. L’adoption de cette nouvelle loi illustre bien la volonté et la détermination du pays à se développer à travers la réforme et l’ouverture.
Toutefois, si nombre d’investisseurs non chinois peuvent louer ces nouvelles mesures qui tendent à améliorer le climat des affaires, il n’en est pas de même pour les traders et hommes d’affaires africains qui se sont vu « oubliés » par les législateurs chinois, si l’ont en croit la synthèse faite par Li Keqiang. Au sortir de la cérémonie de clôture, le Premier ministre chinois a évoqué tous les aspects de la politique générale chinoise pour l’année en cours, mais pas un traître mot par rapport à l’Afrique.
Un mutisme qui, comme on pouvait s’y attendre, a laissé les journalistes africains présents à la conférence de presse sur leur faim. « Nous sortons de là avec plus de questions que de réponses », s’est plaint Rocco Nkanga journaliste congolais de la RDC. Et si Serge Nakoulko de la presse tchadienne se dit frustré de n’avoir pas pu poser sa question, Moussa Camara du quotidien malien « L’Indépendant » relativise les choses, « Je me réjouis déjà d’avoir eu l’occasion de vivre par moi-même ce grand événement » s’est il réjouit. Il faut dire que les africains avaient particulièrement basé de grands espoirs sur les conclusions de cette 13ème session de l’APN qui devrait leur permettre d’accentuer leurs investissements en Chine. Or, cette omission de l’Afrique dans le discours du numéro 2 chinois, pourrait se voir comme une désillusion qui plonge désormais dans l’incertitude absolue les entrepreneurs africains.
Baudelaire Ndong Ella, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de la République gabonaise en République Populaire de Chine, calme le jeu. Pour lui, il n’y a pas péril en la demeure. « Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, car une chose est sûre, c’est que la Chine tient énormément à l’Afrique. D’abord parce que la Chine et l’Afrique ont une histoire similaire, ensuite parce que la Chine a pris des engagements forts vis à vis du continent africain qu’elle doit honorer d’ici à 2021. Et la Chine jusqu’ici a tenu ses engagements envers l’Afrique », a indiqué le diplomate gabonais.
Pour Ndong Ella « l’inquiétude est certes justifiée, mais ce n’est pas le gouvernement chinois qu’il faut blâmer. C’est plutôt aux Africains, eux-mêmes, de s’approprier le marché chinois. Notamment, en proposant des produits susceptibles de plaire aux consommateurs chinois, car en effet, les règles sont les mêmes pour tous », a-t-il conclu.
Interview réalisée au lendemain de la Clôture de la 13ème APN
Fin 2018, les investissements directs étrangers (IDE) ont cumulé des revenus dépassant les 2 100 milliards de dollars selon le Premier ministre Li Keqiang, pourtant tout porte à croire que l’apport des entreprises africaines aura été très négligeables. Les hommes d’affaires africains ont donc tout intérêt à investir davantage afin d’occuper le marché et marquer leur présence.